Un article de Loïc Angot
Les architectes ont l’occasion unique de prendre part à la résolution du plus grand défi de notre époque : les changements climatiques. Si le mouvement en faveur du développement durable a réussi à créer une certaine dynamique autour de la résolution de cette crise mondiale, nous devons aller plus loin et créer des solutions transdisciplinaires qui misent sur l’ingéniosité et la pensée créative.
La pratique de l’architecture doit s’engager à s’écarter du statu quo et à concevoir des espaces généreux qui créent un impact Net positifMC significatif. L’architecture doit être une source de solutions aux changements climatiques en facilitant rapidement la transition d’une économie basée sur les combustibles fossiles à une économie décarbonisée. La pratique doit également se concentrer sur la nécessaire adaptations aux effets néfastes – et en cours – des changements climatiques. Nous devons changer nos façons de travailler pour obtenir de nouveaux résultats, car le temps nous est compté.
La responsabilité de l’architecture en réponse aux changements climatiques
Les efforts mondiaux et les pressions politiques ont conduit à la création et à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat de 2015, un accord dans lequel les pays participants ont accepté de limiter leurs émissions de carbone afin de freiner la hausse des températures moyennes mondiales.
Mais qu’en est-il du rôle spécifique, et de l’immense responsabilité, de l’architecture et de l’environnement bâti ? En tant que professionnels du design, la réduction de l’empreinte écologique de nos projets relève d’une responsabilité collective et doit être notre priorité.
En tant qu’architectes, nous devons adopter une approche multidimensionnelle pour relever le plus grand défi de conception auquel la pratique est confrontée aujourd’hui. Restons critiques, créatifs et agiles en examinant constamment nos actions pour les améliorer.
8 façons de répondre au défi des changements climatiques:
1. Faire valoir les avantages d’un pro forma vert : il est essentiel de guider nos clients dans leur cheminement vers l’adhésion aux stratégies durables. Nous devons changer la façon dont les clients perçoivent le résultat net de la conception durable en établissant des relations claires entre les coûts initiaux d’un projet et les coûts et avantages opérationnels à long terme.
2. Mesurer : nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne mesurons pas. Le suivi des principaux indicateurs de performance en matière de durabilité est indispensable, qu’il s’agisse des objectifs en matière de carbone, de biodiversité ou d’inclusion sociale.
3. Agir: nous devons développer des feuilles de route, y intégrer les actions clés et définir les étapes à suivre. L’AIA et le WGBC ont développé des cadres de travail en libre accès pour aider les praticiens à aller de l’avant avec la conception de bâtiments à carbone zéro.
4. Vérifier: il faut rapporter les données, démontrer les progrès réalisés. Nous devons nous engager à créer des performances réelles et mesurables.
5. Montrer l’exemple: les bâtiments durables et attrayants ont le potentiel d’inspirer les gens. Avec le Phénix, notre bureau de Montréal, nous avons démontré qu’il est possible de transformer un ancien entrepôt en un bâtiment à bilan Net positif, avec le même coût d’investissement qu’un projet comparable.
6. Favoriser l’adaptation future: en examinant comment les bâtiments peuvent être adaptés au cours de leur cycle de vie, remis à neuf, déconstruits (si nécessaire) et si leurs composants peuvent effectivement être réutilisés à la fin de la vie du bâtiment. Par exemple, la conception d’une structure de stationnement en vue d’un réaménagement futur de bureaux ou de commerces est une façon de répondre à l’évolution des habitudes de mobilité tout en assurant la pérennité de l’actif.
7. Adopter une attitude ouverte: nous devrions non seulement promouvoir les meilleures pratiques, soutenues par la recherche universitaire, mais nous devrions partager nos résultats avec la pratique au sens large. Il s’agit d’un effort collectif urgent qui ne donnera de vrais résultats que si nous acceptons de partager nos connaissances, en vue de lutter contre les changements climatiques aussi rapidement et efficacement que possible.
8. Opérer un changement significatif au niveau académique: les stratégies durables ne peuvent plus être considérées comme un facteur innovant, mais plutôt comme le point de départ de tout projet. Cette connaissance et cette approche fondamentales doivent prendre racine au niveau universitaire pour la prochaine génération de concepteurs.
La crise écologique actuelle exige un changement profond dans la manière dont nous concevons nos environnements bâtis et la façon dont nous considérons notre relation avec l’environnement et son impact. Historiquement, les crises ont toujours conduit à de profonds changements technologiques et sociétaux. Cette crise n’est pas différente ; elle est l’occasion d’être créatif et d’inventer une nouvelle façon de faire les choses. Remettons en question le statu quo, restons critiques et pensons plus grand que jamais.
Comment comptez-vous relever le défi du siècle en matière de design ?
Cliquez ici pour en savoir plus sur le Phénix, notre laboratoire de stratégies durables, dans l’un des épisodes de la série « Building A Better Future » qui présente des projets du monde entier démontrant une conception innovante, saine et durable.
Avec plus d’une décennie d’expérience en conception de bâtiments et d’aménagements durables, de même qu’une maîtrise en ingénierie et un MBA, Loïc Angot dirige la pratique des stratégies durables chez Lemay, un élément clé de l’approche Net positif MC de la firme. Diplômé de l’Institut national des sciences appliquées de Rouen (France) et de HEC Montréal, il sait mettre à profit ses compétences analytiques exceptionnelles, tout en favorisant une approche collaborative éclairée par la perspicacité et l’expertise. Dans le cadre de son MBA, Loïc a remporté le concours Rotman Sustainability Innovations 2017 en y présentant une analyse de cas d’entreprise innovante pour relier les fournisseurs de solutions énergétiques et les propriétaires immobiliers. Au cours de sa carrière, Loïc a travaillé sur de nombreux projets commerciaux, institutionnels et résidentiels de premier plan en tant qu’expert en conception durable, et ce, tant en France qu’au Canada. À la fois gestionnaire de projet chevronné et présentateur académique reconnu, il est également membre du conseil d’administration de MR-63, un écosystème culturel à but non lucratif basé à Montréal. Plus récemment, en 2020, il a remporté le Prix du leader émergent de Construction Canada, catégorie « Contribution à l’industrie ».