Lemay croit que les bâtiments doivent apporter davantage à la collectivité que ce qu’ils en retirent. Notre équipe s’engage à respecter le caractère original des bâtiments patrimoniaux et à réimaginer les bâtiments existants de manière durable (à titre d’exemple, notre bureau de Montréal est un ancien entrepôt).
Notre équipe de l’ouest du Canada s’est récemment démarquée en remportant trois prix pour le Planétarium Centennial de Calgary et pour la réhabilitation de l’hôtel de ville de Calgary. Ce projet complexe, d’une durée de six ans, a nécessité des analyses et des recherches approfondies, de même qu’une coordination étroite et une attention particulière aux détails.
Vous venez de compléter un projet de longue haleine pour restaurer l’hôtel de ville de Calgary. Pourquoi ce projet a-t-il généré autant d’enthousiasme dans l’équipe ?
GCS : C’est un projet qui nous a rendus humbles à bien des égards. Dans le contexte de l’architecture au Canada, plus particulièrement dans l’Ouest canadien, cet édifice est un joyau architectural. Nous en étions les gardiens et nous avons pu y intégrer des petites touches subtiles qui le magnifient, qu’il s’agisse de l’étonnant système d’éclairage ou de la réflexion sur l’accès et l’accessibilité. Nous avons également pris soin de tout cataloguer minutieusement afin que nos successeurs sachent comment aborder le prochain projet de restauration dans 100 ans.
Pourquoi le bâtiment est-il si apprécié par la population ?
GCS : Il y a beaucoup de fierté citoyenne dans le bâtiment et dans le projet lui-même. Quand vous regardez une ville relativement jeune comme Calgary, les bâtiments plus matures ont été sculptés par le temps et conçus à l’échelle humaine. Ils sont particulièrement prisés et très appréciés. L’hôtel de ville a été construit dans un style assez traditionnel et ancien, mais il utilise des matériaux provenant de l’endroit où il a été créé, des matériaux indigènes.
(L’équipe du projet a dû mener une recherche à l’échelle internationale dans des carrières pour retrouver la chaleur du grès jaune autrefois abondant dans la région).
En quoi l’approche des projets patrimoniaux est-elle différente ?
GCS : Il faut d’abord comprendre cette mémoire culturelle et sa signification. En la restaurant, il est important d’être bienveillant envers ce qu’elle était auparavant et de chercher à en préserver l’énergie d’origine. Le volet de recherche est vraiment intéressant, la façon dont on apprend à connaître le bâtiment, les éléments qui doivent être mis à jour et la meilleure manière de les révéler. Lorsqu’on essaie de marier d’anciennes et de nouvelles technologies, ou de démanteler un élément sans en connaître la provenance, il y a toujours le risque d’effacer l’histoire d’un lieu ou de causer des dégâts importants. Un contexte patrimonial exige une recherche qu’on ne peut pas négliger comme on pourrait le faire avec un concept moderne.
C’est aussi très exigeant en termes de documentation. Il faut recueillir quantité de détails très précis et documenter la façon dont les choses étaient faites, puis redocumenter une fois que l’intervention a été effectuée.
Vous avez également travaillé à la restauration du Planétarium Centennial de Calgary. Qu’avez-vous trouvé le plus difficile dans ce projet ?
GCS : À l’origine, le planétarium était un observatoire, mais il est ensuite devenu un musée des sciences pour enfants. Tous les citoyens de Calgary d’un certain âge ont un souvenir précieux de cette première utilisation. Donc, quand vient le temps d’évaluer les éléments à préserver, il faut s’adapter à cette réalité. Il ne s’agit pas toujours de privilégier la partie la plus ancienne du bâtiment. Il peut s’agir de préserver ce qui est cher aux personnes qui ont utilisé ce bâtiment pendant plusieurs générations.
Pourquoi l’architecture de conservation est-elle si importante pour Lemay ?
GCS : Tout ce qui est ancien, si vous le traitez bien, continuera à apporter quelque chose à la communauté et à vivre par lui-même. Cela va de pair avec l’éthique en architecture et avec notre responsabilité, notre rôle dans la préservation de la mémoire collective à travers ces bâtiments irremplaçables. L’architecture de conservation est aussi en phase avec notre approche durable, la façon dont nous recyclons les matériaux et comment nous réduisons les émissions de carbone en réhabilitant l’existant plutôt qu’en reconstruisant à neuf.
Nous comprenons la valeur de la réutilisation adaptative et l’importance de continuer à prendre soin de ces bâtiments. Et en tant que firme bien établie, nous sommes souvent sollicités en raison de notre capacité d’interagir du point de vue de la conservation. Nous travaillons sur des bâtiments de haut calibre parce que nous avons la capacité de le faire.