Le 25 mars 2024 est une date importante pour l’Urban Society for Aboriginal Youth. Elle marque non seulement la première pelletée de terre du futur Centre des jeunes, mais aussi le rassemblement en un seul lieu des responsables du projet, de Sages et de membres de diverses communautés autochtones et non autochtones.
Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir avec la directrice générale de l’USAY, LeeAnne Ireland, et notre directrice régionale pour l’Ouest du Canada, Grace Coulter Sherlock, au sujet du processus de conception participative derrière le projet et de ce que cette journée signifie pour elles.
Que ressentez-vous tous les deux à l’occasion de cette inauguration des travaux? Qu’est-ce que ça représente pour vous?
LI : « Ce bâtiment est le fruit de 15 années de travail. Le fait qu’il se concrétise aujourd’hui, j’arrive à peine à y croire!
Cette première pelletée de terre est symbolique, parce qu’elle marque la première étape de l’établissement d’un campement. Les campements sont des lieux qui rassemblent la famille, les traditions, la culture et l’identité; c’est là qu’on crée des liens avec nos différentes communautés. C’est ce à quoi j’aspire pour le Centre des jeunes, un endroit qui incarne toutes ces choses.
Faire appel à un danseur des herbes sacrées pour piétiner l’herbe et préparer le nouveau site de campement est un élément important des enseignements autochtones. De la même manière, planter un tipi, demander à un Sage de faire une prière et de bénir le sol, procéder à l’inauguration des travaux avec une pelle perlée… Ce sont des actions fortes qui permettent de rapprocher les traditions autochtones et non autochtones – à l’image de ce que vivent nos jeunes, qui naviguent dans un monde où ces deux univers se chevauchent.
Pour moi, la rencontre de ces différentes traditions et visions du monde aura un réel impact, et j’ai hâte de voir tout le positif qui va en ressortir. »
GCS : « C’est vraiment stimulant de savoir que le Centre va enfin voir le jour et qu’il offrira une base permanente à l’USAY. Il sera construit d’une manière qui reflète l’organisme, avec soin et considération. Même une fois le bâtiment achevé, nous savons qu’il continuera d’évoluer à mesure que les gens l’utiliseront.
Sa conception a été pensée dans cette optique, pour qu’il puisse s’adapter aux besoins changeants de la communauté et rester habitable pour les générations à venir. C’est un peu comme une maison : l’espace reflète les personnes qui y vivent et se l’approprient. »
Comment s’est déroulé le processus pour vous, LeeAnne? Quel a été votre niveau d’implication?
LI : « Ce qui a commencé par une étude de faisabilité sur ce qu’il était possible de faire et ce à quoi le Centre pouvait ressembler est devenu un processus de conception hyper collaboratif. On avait des idées très précises, et Lemay les a amenées à un niveau supérieur.
Quand on expliquait pourquoi certaines choses devaient avoir tel aspect ou pourquoi certains espaces devaient fonctionner de telle manière, selon les traditions autochtones, Grace et son équipe se surpassaient pour nous soutenir. J’ai tout de suite senti que j’avais une partenaire sur qui compter pour nous guider tout au long du processus. J’ai un respect encore plus grand pour le travail de conception et les efforts qu’il faut fournir pour réaliser des projets comme celui-ci. »
Et qu’avons-nous appris de notre côté, Grace, en cocréant cet espace avec l’USAY?
GCS : « En tant que firme axée sur le bien commun, ça a été pour nous l’occasion de jouer un rôle véritablement participatif et représentatif de nos valeurs. Il y a eu tellement de discussions riches autour de ce projet et de son potentiel, basées sur la confiance, la compassion et l’ouverture.
Toute notre équipe en est ressortie grandie. L’USAY nous a invités à une foule d’événements et d’activités au sein de la communauté autochtone pour nous aider à mieux comprendre ses besoins et les façons dont nous pouvons y répondre.
C’est vraiment un endroit extraordinaire à Calgary, qui redynamise la ville et lui donne une assise solide pour les décennies à venir. J’ai adoré travailler avec les membres de l’USAY! Ce sont des personnes généreuses qui transmettent leur culture avec une fierté évidente. »
Comment la perspective unique de l’USAY a-t-elle influencé ce projet?
LI : « Le Centre des jeunes USAY comportera de nombreux éléments qui soutiendront la jeunesse autochtone, depuis l’espace créatif jusqu’à l’aire communale consacré aux enseignements des Sages et à la souveraineté alimentaire, en passant par le jardin sur le toit et même le stationnement! Tout a été conçu de manière polyvalente pour soutenir une multitude d’échanges culturels et identitaires.
L’ensemble du bâtiment sera animé et transformera la manière dont nous utilisons l’espace. La population autochtone de Calgary est très diversifiée; le Centre a donc été conçu pour accueillir tout le monde. Il est accessible, sûr, ouvert, convivial… Avec l’aide de Lemay, nous avons réussi à en faire un lieu d’accueil et d’appartenance, où l’on se sent comme chez soi.
Il ne s’adresse pas uniquement aux Pieds-Noirs, aux Cris, aux Anishinaabe et aux Métis, mais à tous. Il est le reflet de la jeunesse, de l’autochtonie et de qui nous sommes en tant que communauté. »
Découvrez à quoi ressemblera la coconception du Centre des jeunes USAY.