Au Canada, l’industrie de la construction est responsable de 18 % des émissions de GES, un chiffre qui s’élève à près de 40 % à l’échelle mondiale. Ces données viennent réaffirmer le rôle clé que jouent les bâtiments verts dans l’action climatique. Si nous voulons atteindre nos objectifs de carboneutralité d’ici 2050, nous devons accélérer nos efforts pour limiter notre consommation globale d’énergie qui, à l’heure actuelle, ne cesse d’augmenter. En l’absence de mesures immédiates, nous courons le risque d’une obsolescence accrue et d’un retard encore plus grand vis-à-vis des cibles que nous nous sommes fixées.
Déterminante pour la protection de l’environnement, l’efficacité énergétique rime plus avec bénéfices qu’avec sacrifices. Elle a bien sûr une incidence positive sur la rentabilité des entreprises, mais aussi sur notre bien-être, notre confort et notre productivité. L’optimisation de la consommation énergétique d’un bâtiment est en effet étroitement liée à la manière dont nous le percevons et l’apprécions puisqu’elle prend en compte tous les éléments de l’environnement bâti : de la fenestration à l’enveloppe, en passant par la régulation de la température, l’humidité relative et la luminosité naturelle.
Une meilleure performance énergétique pour un plus grand confort
Concevoir dans un souci d’efficacité énergétique nous donne la possibilité de minimiser l’empreinte environnementale du bâtiment sans en altérer l’usage, mais les avantages ne s’arrêtent pas là. Le fait d’utiliser moins d’énergie pour accomplir les mêmes tâches permet de réduire les coûts d’entretien et d’exploitation de l’édifice, entraînant un retour sur investissement supérieur.
Cela dit, si les bâtiments consomment autant d’énergie, c’est bien souvent pour améliorer le confort – et la productivité – de ceux qui les utilisent. En tant que designers canadiens, nous avons pu constater de visu qu’à mesure que les températures baissent, celles du thermostat augmentent, à la maison comme au travail.
Dans notre climat nordique, ce phénomène n’a rien d’étonnant. Après tout, être confortable est un besoin fondamental. D’ailleurs, lorsqu’on demande aux employés quels facteurs contribuent le plus à leur bien-être physique au travail, la réponse est souvent la même : l’ergonomie de leur bureau et de leur chaise, et… la température ambiante! Plusieurs études ont démontré que le confort thermique améliore considérablement notre productivité, en plus d’influer positivement sur l’humeur, le niveau de stress, la concentration et la détente éveillée, un état important pour la résolution créative des problèmes.
Mais ces deux éléments – la sensation de confort liée à la température et l’effet de celle-ci sur la performance au travail – soulèvent la même question : comment être bien dans un espace sans consommer plus d’énergie?
Un degré qui change tout
En plus d’être incommodant, travailler dans un espace trop chaud ou trop froid altère considérablement notre rendement, mais aussi notre santé. Qu’elle soit due à un chauffage ou à une climatisation excessifs, à une exposition directe au soleil, à une piètre performance énergétique ou à une technologie obsolète, une température ambiante inadéquate contribue entre autres au développement du syndrome des bâtiments malsains, une combinaison d’affections dont souffrent les occupants d’un édifice professionnel hermétique en raison de facteurs environnementaux divers (piètre qualité de l’air, ventilation déficiente, bruit, luminosité, etc.)
Une enveloppe de bâtiment haute performance serait-elle capable de contrecarrer ce phénomène? En un mot : oui. Cette solution permet d’optimiser la masse thermique intérieure de la structure en fonction du temps qu’il fait dehors, tirant parti de matériaux à forte inertie et de systèmes de chauffage performants tels que les planchers et plafonds radiants, l’air pulsé ou même les plinthes électriques. Quel que soit le dispositif utilisé, le résultat devrait être le même, sachant que la température corporelle moyenne est d’environ 37 °C et que la température intérieure idéale se situe autour de 21 °C.
Pour maintenir un confort thermique adéquat, plusieurs options sont envisageables. En hiver, une façade moins exposée au vent, une proportion optimale de surfaces vitrées et une utilisation modérée du chauffage permettront de minimiser les pertes de chaleur. En été, l’architecture et l’aménagement intérieur d’un bâtiment peuvent contribuer à réduire le rayonnement direct par l’intégration d’arbres, de protections solaires, de systèmes de brumisation et de ventilateurs.
Parmi toutes ces mesures adaptatives, l’une des meilleures façons de faire face aux extrêmes climatiques est d’intégrer des solutions inspirées de la nature dès les premières étapes de conception ou de rénovation d’un espace. On pense notamment aux façades double-peau, que l’on retrouve dans des projets comme le Grand Théâtre de Québec, mais aussi aux murs végétalisés extérieurs, qui offrent des avantages multiples : réduction des îlots de chaleur, régulation thermique du bâtiment, séquestration du carbone, gestion des eaux pluviales, augmentation de la biodiversité, amélioration de la qualité de l’air, et bien plus encore.
Ces stratégies durables s’étendent également à la ventilation et à la gestion des flux d’air. Des réalisations comme la réhabilitation du siège social montréalais d’UAP montrent qu’il est possible de réduire la consommation d’énergie liée au refroidissement tout en améliorant le confort. Pendant les nuits d’été, un système automatique installé dans l’entretoit permet d’évacuer l’air chaud pour laisser entrer de l’air plus frais, avant que le soleil ne se lève et que la température extérieure n’augmente à nouveau. Ce système de refroidissement naturel permet de réaliser des économies de coût et d’énergie (une consommation 40 % moins élevée que celle d’un bâtiment comparable!), au bénéfice de l’environnement et des usagers.
Vers une architecture économe en énergie
Face à la nécessité de décarboner nos environnements bâtis et de les rendre plus résilients au changement climatique, nous devons prioriser des solutions passives qui intègrent la nature et travaillent de concert avec elle. Ainsi, nous pourrons non seulement améliorer la performance énergétique de nos espaces de vie et de travail, mais aussi les rendre plus confortables, avec des bénéfices variés allant d’une réduction des coûts d’exploitation à une productivité et un bien-être accrus.
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