Nous savons que l’activité humaine a un impact considérable sur la planète, au point de rendre le climat de plus en plus imprévisible. Les effets du réchauffement terrestre sur les vents, les précipitations, la végétation, les sols, les courants océaniques et le niveau de la mer se font sentir avec une intensité extrême, notamment par des épisodes récurrents de sécheresse et des inondations dévastatrices.
Nous en avons récemment été témoins aux États-Unis avec le niveau historiquement bas du Mississippi, entraînant l’interruption du transport sur cette importante voie maritime et une flambée des prix du soja, mais aussi dans les Prairies canadiennes, où des mois particulièrement chauds et secs ont mis en péril les récoltes. Ces phénomènes perturbent les données sur lesquelles nous nous appuyons depuis toujours, y compris celles qui nous aident à concevoir nos infrastructures.
Si nous voulons faire face à ces bouleversements climatiques et minimiser leurs répercussions sur nos environnements naturels et bâtis, nous devons placer la gestion des eaux pluviales au cœur de la conception des villes. Le programme NET POSITIFMC ouvre la voie à cette nouvelle approche durable de l’aménagement du territoire. Il nous permet de repenser la manière dont les bâtiments utilisent et récupèrent l’eau de pluie, en les adaptant aux cycles hydriques propres à leur climat et, plus largement, à l’environnement qui les entoure.
Valoriser l’eau, une goutte à la fois
Historiquement, les villes ont été conçues autour du principe selon lequel les eaux pluviales devaient être évacuées le plus rapidement et le plus efficacement possible. Pourquoi? Parce que l’eau était vue comme intrusive, voire nuisible. Des réseaux complexes ont donc été mis en place pour modifier le drainage naturel des eaux, ce qui a eu des conséquences désastreuses sur la faune et la flore. Parmi celles-ci, on pense à l’érosion des sols, la sédimentation, la disparition de plantes, d’animaux et d’insectes, mais aussi le déversement de polluants dans des étendues d’eau importantes et la détérioration de la vie aquatique.
Cette dégradation des écosystèmes appelle à un changement radical de notre perception de l’eau. On doit la reconsidérer comme un bien à protéger, plutôt qu’une nuisance dont il faut se débarrasser. En tant que ressource vitale, elle nécessite des mesures conséquentes pour en assurer une saine gestion et minimiser la pression qu’elle exerce sur nos infrastructures existantes tout en rendant nos villes plus résilientes face aux changements climatiques.
Cela commence entre autres par réduire la consommation d’eau potable dans nos lieux de vie et de travail. Un des moyens les plus simples pour y parvenir est la collecte de l’eau de pluie : limpide, propre, exempte de minéraux, de métaux lourds et de produits chimiques, elle est aussi facile à filtrer qu’à stocker. Sachant qu’un grand nombre d’éléments de nos environnements bâtis ne nécessitent pas d’eau potable — pensons aux chasses d’eau, à l’arrosage, à l’entretien ménager, mais aussi aux applications industrielles —, des citernes peuvent être installées sous terre, à l’extérieur ou à l’intérieur des bâtiments, pour y conserver l’eau été comme hiver.
Cette solution donne vie à une architecture en phase avec les cycles hydriques, faisant d’elle une force régénérative plutôt que destructive. L’exploitation de volumes d’eau comme le ruissellement demande toutefois une certaine créativité. Pour arriver à en stocker autant que possible, il faut combiner plusieurs stratégies à la fois :
- Irrigation : Au lieu d’être détournée, l’eau collectée par nos bâtiments peut servir à irriguer les aménagements paysagers, les jardins publics et d’autres espaces verts bienfaisants pour notre santé et notre bien-être, mais aussi pour l’environnement.
- Machines vivantes : Conçus sur le modèle des marais filtrants, ces écosystèmes artificiels sont composés de bassins qui, grâce à l’action combinée de divers organismes vivants, recyclent et filtrent naturellement les eaux usées pour les rediriger vers des systèmes ne nécessitant pas d’eau potable. De plus, les bienfaits biophiliques qu’ils procurent en font une stratégie novatrice très profitable.
- Perméabilité : Les routes, les stationnements, les trottoirs et les bâtiments de nos environnements urbains peuvent être conçus afin de permettre l’infiltration des eaux pluviales dans le sol, où elles seront absorbées par les plantes et régénéreront la nappe phréatique.
- Réservoirs : C’est là que les eaux pluviales sont recueillies et stockées pour un usage non potable. À l’intérieur ou autour des bâtiments, ils peuvent prendre la forme de cuves de rétention souterraines; dans les espaces extérieurs, comme les parcs publics, celle d’étangs qui enrichissent la biodiversité.
- Toits végétalisés : En raison de la vie végétale qu’ils abritent, les toits verts sont en mesure de capter l’eau et de la restituer par évaporation, avec l’avantage supplémentaire d’accroître l’efficacité énergétique et la durée de vie du toit tout en réduisant les nuisances sonores.
Ces stratégies, nous les connaissons particulièrement bien pour les avoir appliquées dans le cadre de nombreux projets construits, planifiés et en chantier. Certifiée LEED v4, l’usine de SOPREMA à Woodstock, en Ontario, en est un bon exemple. La saine gestion des eaux pluviales y est assurée par un aménagement paysager réfléchi, conçu de manière à accroître la biodiversité du site tout en apportant une nouvelle perspective durable au parc industriel environnant. Quant à la communauté verticale intelligente Humaniti, un mégaprojet à usage mixte de 39 étages au centre-ville de Montréal, elle a été pensée dans les moindres détails pour collecter l’eau de pluie et de la fonte des neiges. Celle-ci est ensuite utilisée pour irriguer les espaces verts des terrasses et des immeubles locatifs, ce qui a permis de réduire de 90 % les débordements par rapport à d’autres projets comparables. Enfin, au centre de transport Bellechasse (présentement en construction), les eaux d’infiltration seront captées et réutilisées pour le lavage des autobus, les tours de refroidissement et l’irrigation des espaces verts au niveau de la rue.
Pour des environnements bâtis intégrés aux cycles hydriques
Dans des pays développés comme le nôtre, l’eau est si courante que l’on peut facilement la tenir pour acquise. Mais avec l’accélération du dérèglement climatique et la croissance de la population mondiale, l’accès à l’eau est l’un des enjeux décisifs de notre siècle et sa conservation, une priorité planétaire.
L’aménagement des villes, du cadre bâti et des paysages qui nous entourent peut être abordé de manière adaptative et évoluer vers des conceptions aussi résilientes que bénéfiques pour l’environnement. En tenant davantage compte des systèmes hydrologiques dans leur processus de création, les architectes donneront vie à des bâtiments capables de faire face aux effets des changements climatiques sur les précipitations, toujours dans une volonté de bâtir un avenir meilleur.
Apprenez-en plus sur NET POSITIFMC, notre programme de stratégies durables et de technologies de pointe qui vise à créer des milieux de vie aussi bienfaisants pour notre santé que notre environnement, avec la plus faible empreinte carbone possible.