Présentée au musée Pointe-à-Callières, l’exposition Saint-Henri, le cœur à l’ouvrage retrace les 350 ans d’histoire d’un quartier qui, petit à petit, est devenu un incontournable de Montréal.
Un volet important de celle-ci porte sur la croissance, puis le déclin des activités industrielles ayant longtemps rythmé le quotidien et le paysage de cette communauté.
À une certaine époque, le sud-ouest de Montréal abritait le plus grand pôle industriel de tout le Canada, comme en témoignaient les nombreuses cheminées d’usines qui bordaient le canal de Lachine. Cet héritage a jeté les bases d’un lieu de vie dynamique que beaucoup – y compris notre équipe – appellent aujourd’hui leur chez-soi.
La présence de Lemay dans le quartier remonte à 1973 : son fondateur, Georges Émile Lemay, s’y installe après qu’un incendie ait ravagé les bureaux de la firme à Verdun. Au fil des ans, la firme se déplace de local en local à mesure qu’elle grandit. Puis, en 2019, elle s’établit à son emplacement actuel, au 3500, rue Saint-Jacques, dans un entrepôt abandonné datant des années 1950.
L’édifice allait servir d’assise à la conception d’un lieu unique, à la fois socialement et écologiquement responsable, qui intègre l’histoire du quartier et celle des débuts modestes de l’entreprise.
« Nos racines étaient à Saint-Henri, et nous voulions absolument y rester parce qu’un quartier comme Saint-Henri, c’est un quartier qu’on adopte, qu’on apprend à aimer », explique Louis T. Lemay dans l’entrevue qu’il a accordée pour l’exposition, joignant sa voix à celles de nombreuses personnalités locales.
« Il y a beaucoup d’avantages à réutiliser une construction existante », ajoute-t-il, l’un d’entre eux étant « la sauvegarde du patrimoine industriel, qui fait partie de notre mémoire collective. »
Une nouvelle génération créatrice de changements positifs
Baptisé le « Phénix » pour son approche régénérative de l’architecture et de l’environnement, cet espace de travail est à la fois ancré dans le passé et tourné vers l’avenir : il immortalise la mémoire ouvrière de Saint-Henri tout en contribuant à un changement transformateur à travers l’approche NET POSITIFMC.
« Nous avons pu conserver la structure de béton et l’enveloppe extérieure en briques, mais nous avons changé la fenestration ainsi que tout l’aménagement intérieur et les systèmes mécaniques et énergétiques », précise Louis.
« Le bâtiment est très efficace en consommation énergétique. Notre objectif était de créer le premier bâtiment Net Zéro au Canada, et nous avons réussi. »
Cette alliance des principes de conservation et de conception durable permet de repenser les infrastructures d’hier – chemins de fer, anciennes usines, autoroutes – dans une perspective d’avenir, donnant lieu à des environnements uniques et bénéfiques pour tous. Ainsi réintégrés au tissu urbain, ces vestiges de la deuxième révolution industrielle soutiennent la revitalisation en cours et contribuent à un nouveau pan de l’histoire de Saint-Henri.
Réhabiliter les édifices existants est déterminant pour maintenir un juste équilibre entre la préservation du patrimoine architectural d’un quartier et sa modernisation. Leur présence favorise une véritable vie de quartier à travers un réseau de mobilité active et durable. Cette redynamisation – soutenue par des espaces publics appropriables et riches en biodiversité – se ressent tant sur le plan commercial, avec l’arrivée de nouvelles entreprises, que sur le plan culturel, avec des événements de toutes sortes.
Aujourd’hui, le Phénix participe aux efforts continus de Saint-Henri visant à offrir un milieu de vie vibrant et convivial, où se côtoient bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels revitalisés. « Un modèle hybride de la ville dans lequel on retrouve tout ce dont on a besoin dans un rayon de 15 minutes », souligne Louis.
S’installer dans un quartier, c’est bien plus que d’y vivre ou d’y travailler. C’est intégrer une communauté, y prendre part activement et faire tout en son pouvoir pour avoir un impact positif sur elle.
L’exposition Saint-Henri, le cœur à l’ouvrage, présentée au musée Pointe-à-Callière jusqu’au 11 mai 2025, vous fera découvrir l’histoire de Saint-Henri, les transformations qui l’ont marquée ainsi que les gens qui ont fait du quartier ce qu’il est aujourd’hui.
Bannière : Vue aérienne du Quartier St-Henri (1955), Fonds Armour Landry – BAnQ.