Un bâtiment emblématique d’une nation, d’un lieu et de son histoire
Situé à la porte d’entrée du centre-ville, le projet Odea vise à souligner la présence de la nation des Cris à Montréal par un projet distinctif, intégrant leurs valeurs et certains éléments de leur culture. Le concept architectural permet de créer un maillage visuel et urbain entre le projet et son environnement. L’approche conceptuelle révèle donc à la fois le caractère unique du projet tout en assurant son intégration urbaine.
Une collaboration entre Jean-François Gagnon, concepteur principal du projet chez Lemay et l’architecte autochtone émérite Douglas Cardinal a permis d’explorer les symboles de la communauté des Cris et d’intégrer dans la composition architecturale un élément identitaire fort de la culture. Le processus de conception est le fruit de cet échange dynamique qui a engendré une harmonie et une cohérence architecturale. Selon Jean-François Gagnon, « la collaboration avec Douglas Cardinal a permis de capter l’essentiel du narratif entourant la culture crie, avec simplicité, pour faire en sorte que notre proposition repose sur la mise en scène d’une architecture inspirée de symboles et de traditions qui transforment le paysage au rythme de la ville ».
En effet, en s’inspirant de la forme du canoë, la volumétrie du bâtiment agit comme un repère dans le paysage urbain du centre-ville de Montréal tout en contribuant à animer la dynamique de l’entrée de ville. D’ailleurs, le nom du projet, Odea, s’inspire du mot cri « ode » qui signifie « canot ».
L’image de l’arbre au cœur de la conception
L’image de la forêt et l’idée de l’arbre comme ressource principale ont guidé les réflexions à l’origine du projet. En élaborant le concept – porté par une approche sensible à la tradition matriarcale de la communauté crie – l’équipe a construit une trame narrative qui évoque le passage du temps en utilisant l’analogie de la coupe transversale d’un tronc de bouleau blanc. En plus d’évoquer cette espèce emblématique de la forêt boréale, la figure de l’arbre se traduit également par l’image de l’écorce (l’enveloppe du bâtiment) qui protège le cœur du projet (la cour intérieure) et l’aubier qui constitue l’intérieur de l’édifice.
Dans le même ordre d’idée, les aménagements paysagers sont fortement inspirés de nombreux éléments spécifiques à la culture crie afin de témoigner de leur présence à Montréal et d’imprégner le projet d’une signature qui lui est propre. Le thème de l’arbre et le contraste entre l’urbanité et la forêt ont influencé la conception paysagère des espaces extérieurs qui évoquent les différentes strates de la forêt boréale :
– les racines, l’aspect concentrique et le cœur tendre de l’arbre prennent la forme d’une cour intérieure ombragée ;
– les branches se déploient sous forme de terrasse végétalisée sur le basilaire ;
– la cime des arbres se reflète dans la toiture supérieure, là où le soleil domine et où des vues panoramiques sur Montréal sont offertes.
Redonner un sens à la notion de territoire
Fidèle au principe de préservation de la terre de la nation crie, un important volet Net positifMC favorisera la protection de l’environnement, la réduction des émissions de carbone ainsi que la santé et le bien-être des usagers dans l’ensemble du projet.
Cet édifice hautement symbolique comprend des espaces de bureau, de même que des espaces commerciaux et résidentiels. La construction comporte notamment un basilaire, une tour de 25 étages et une cour intérieure qui sera accessible au public. Deux bâtiments patrimoniaux présents sur le site seront conservés et intégrés à la construction.
En plus de relever certains défis en matière d’intégration urbaine, le concept est le fruit d’une grande sensibilité culturelle et d’une étroite collaboration entre l’équipe et le client. Le projet donne ainsi tout son sens à la notion de territoire en s’inspirant de l’évolution de la trame urbaine de Montréal et en réintroduisant une vision enracinée dans une identité culturelle perpétuelle.