Aujourd’hui, près de 70 % des Canadiens vivent en région métropolitaine. Si elles veulent relever les défis liés aux changements climatiques et s’imposer comme solution à l’étalement urbain, les villes doivent s’adapter – et cela passe par une planification et une conception urbaines réfléchies. Avec le territoire comme point de départ, l’urbanisme et le design urbain sont capables d’orienter les comportements des citoyens vers des habitudes respectueuses de l’environnement, dans des quartiers mieux adaptés à leurs besoins.
Le travail collaboratif et transdisciplinaire joue un rôle déterminant dans l’aménagement de ces milieux de vie durables. À travers lui, nous pouvons adopter une approche du design qui soit holistique, inclusive et consciente du climat changeant. Axée sur des pratiques de construction responsables, des espaces à usage mixte, des solutions de mobilité active et partagée ainsi qu’un accès attrayant à la nature, cette nouvelle stratégie de planification et de conception urbaines porte un regard neuf sur la densification, la connectivité et le maintien de la biodiversité.
Revitaliser des zones désaffectées et mal desservies
Nous en avons fait du chemin depuis le XIXe siècle, époque où l’on bâtissait machinalement des quartiers industriels dans le seul but d’accueillir des usines et leurs employés. Au fil du temps, plusieurs secteurs de nos villes ont tout simplement dépassé l’usage auquel ils étaient destinés et pourraient aujourd’hui mieux servir la population s’ils étaient intelligemment densifiés et végétalisés. Comme concepteurs, nous avons la possibilité de proposer de nouvelles façons d’aménager ces lieux désaffectés afin que les communautés puissent non seulement en profiter, mais aussi y prospérer. Plutôt que de construire de nouveaux édifices sur des terrains vierges, il nous faut saisir l’occasion de revaloriser ce qui a déjà été construit.
À l’heure où les développements urbains cherchent à maximiser leurs ressources, la réutilisation adaptative des infrastructures nous offre une réelle opportunité d’innover. Les bâtiments manufacturiers peuvent ainsi être transformés en espaces de vie et de travail et leur riche patrimoine industriel actualisé, afin d’inciter les gens à s’approprier un territoire jusqu’alors sous-utilisé. Parfois, comme dans le cas du plan directeur du projet Bridge-Bonaventure, à Montréal, l’emplacement privilégié du secteur permet d’offrir aux résidents un meilleur accès à l’eau – un élément connu pour ses effets bénéfiques sur la santé et le bien-être. De telles approches contribuent à réduire la dépendance aux énergies fossiles en misant sur des solutions de densification durables comme les boucles énergétiques, l’accès au transport en commun, l’agriculture urbaine ou encore les pôles d’innovation.
Ces stratégies d’aménagement urbain permettent également la création d’un vaste réseau de places publiques, de couloirs verts et de rues partagées. En mettant en valeur le caractère patrimonial du cadre bâti et du paysage, elles donnent une nouvelle identité à des zones autrefois exclusivement industrielles, les transformant en destinations dynamiques chargées d’histoire, empreintes d’authenticité et de convivialité.
Encourager la mobilité durable et active
La proximité des personnes, des activités et des services est ce qui attire la plupart d’entre nous vers les centres urbains. L’accès équitable à un réseau de transport en commun et actif efficace est toutefois essentiel pour que les résidents puissent se déplacer rapidement. Aujourd’hui, les architectes et urbanistes font face aux conséquences d’un aménagement urbain qui, pendant des décennies, a privilégié l’automobile au détriment des autres moyens de déplacement.
Pourtant, il a été démontré que la mise en place d’un réseau de transport diversifié favorise un environnement plus sûr, plus dynamique et plus inclusif. Les quartiers bien conçus permettent également de restituer l’espace public aux citoyens, en plus d’être mieux adaptés aux besoins des piétons et des personnes à mobilité réduite.
Un bon exemple est le modèle désuet des banlieues monofonctionnelles. En revoyant celui-ci sous l’angle du développement durable, nous pouvons transformer les traditionnelles destinations commerciales en milieux de vie à usage mixte, axés sur la piétonnisation et le transport multimodal. Ce type d’aménagement donne un second souffle aux collectivités : il fait converger plusieurs réseaux vers ces pôles suburbains densifiés et diversifiés qui tirent parti d’une planification ingénieuse, de stratégies de transport durables, et de nouvelles façons de vivre et de travailler.
À Toronto, le plan directeur du centre-ville de Meadowvale intègre de telles stratégies, donnant lieu à un écosystème urbain vibrant formé d’espaces publics et communautaires sains, attrayants et accessibles à tous. En encourageant la circulation à pied et à vélo, les villes peuvent non seulement réduire leur empreinte carbone, mais aussi se préparer à faire face à d’importants changements en matière de mobilité, de mode de vie et d’habitudes de consommation.
Favoriser une approche écologique du paysage
Un aménagement urbain centré sur l’humain place les utilisateurs et leur bien-être au premier plan. Au-delà de sa capacité à optimiser les ressources, la densification doit donc contribuer à renforcer le développement de réseaux verts, de parcs et d’équipements publics. Un environnement bâti conçu avec soin permet aux usagers d’entretenir de nouvelles relations avec la nature et la biophilie, d’avoir accès à la lumière naturelle et de bénéficier de meilleures conditions de vie en général. Le programme NET POSITIFMC est l’un des moyens dont nous disposons pour nous assurer que nos projets tiennent compte de l’environnement, des émissions de carbone et de la santé des utilisateurs, tout en visant l’obtention de certifications axées sur le développement durable et le bien-être. Même s’il ne s’agit pas d’une fin en soi, ces certifications servent de cadre de référence pour l’aménagement de milieux urbains respectueux de la planète.
Certifié LEED-pour l’Aménagement des Quartiers (LEED-AQ), le plan directeur du Campus Outremont de l’Université de Montréal, aussi connu sous le nom de Campus MIL, a été guidé par ce type de stratégies durables. Ce projet démontre un grand effort de verdissement et d’amélioration de la canopée urbaine, notamment par une série de jardins composés de plantes indigènes qui favorisent la biodiversité et permettent l’intégration de solutions de rétention d’eau innovantes. Des places publiques pensées pour les piétons et les cyclistes ponctuent également l’ensemble du projet, tel le parc Pierre Dansereau.
Ce type d’aménagement entraîne des retombées positives : il offre aux villes un formidable tremplin pour améliorer leurs pratiques de construction et réduire l’impact environnemental du développement urbain sur les infrastructures municipales.
La nécessité de repenser la façon dont nous concevons les villes n’est un secret pour personne. Les architectes et urbanistes peuvent être des acteurs de changements en adoptant des stratégies durables à échelle urbaine. À travers des conceptions réfléchies et adaptées au contexte climatique changeant, ils encouragent les gens à s’approprier les zones urbaines désaffectées, à densifier et à diversifier les quartiers, à promouvoir la mobilité active et partagée, à préserver la nature, à améliorer les écosystèmes, à optimiser les ressources et à réduire leur empreinte carbone.
Ce n’est qu’en concevant des environnements bâtis centrés sur l’humain et sur la résilience climatique que nous pouvons offrir des milieux de vie sains, attrayants, inclusifs et équitables.
Découvrez comment nous appliquons notre approche NET POSITIF pour faire évoluer la pratique de l’architecture vers le recyclage des bâtiments.